L’affaire de la pré-formation militaire des étudiants congolais nouvellement inscrits à l’université et institut supérieur défraie la chronique en République Démocratique du Congo.
Plusieurs voix se sont levées pour dénoncer cette décision. C’est le cas de Maître Donitha Massani. En effet, dans un entretien accordé à notre rédaction, lundi, cette dame de fer, a décrié ouvertement cette décision et pense que rendre obligatoire cette procédure à tous les jeunes étudiants, donne l’impression d’un pays dictatorial et non démocratique.
« Moi, je ne suis pas d’accord, c’est vrai que ce sont des choses qui ont existé à une certaine époque, notamment à l’époque de Mobutu, mon père d’ailleurs est passé par là, il a fait une formation militaire avant d’entamer ses études académiques. À l’époque de Mobutu c’était un régime dictatorial, actuellement nous sommes dans un régime démocratique. Dans ce pays, on n’est pas forcé les gens », a-t-elle déclaré.
Pour elle, la meilleure manière de pousser les jeunes à s’enrôler à l’armée c’est d’améliorer les conditions des vies au sein de l’armée.
« Mais actuellement, je ne vois pas le bien fondé de cette obligation, parce que si les gens fouillent l’armée, justement parce que les conditions des vies ne sont pas bonnes. S’ils améliorent les conditions des militaires, je pense qu’il y aurait aucun problème que les gens puissent aller s’enrôler, donc il faut commencer par restructurer notre armée, et améliorer leurs conditions des vies sociales, il y a d’ailleurs trop des chômeurs, s’ils ne s’enrôlent c’est parce qu’il y a aucune amélioration des vies des militaires », a-t-elle martelé.
Poursuivant ses propos, Maître Donitha Massani, pense que si cette pré-formation militaire doit s’appliquer aux jeunes étudiants nouvellement inscrits aux universités et instituts supérieurs de la République Démocratique du Congo, elle doit d’abord commencer par les enfants des dirigeants qui sont au pouvoir.
« Le fait d’obliger les enfants des autres d’aller faire une formation militaire avant de commencer l’université, pendant que la plupart de ceux qui sont ici au pouvoir, leurs enfants sont à l’étranger, et là bas il y a aucune contrainte, ce n’est pas correct, on est dans un pays démocrate. Dans de pays démocratique comment font les autres nations pour enrôler les jeunes dans l’armée pour accroître leur effectif ? Si, On doit commencer avec cette histoire, prenez d’abord leurs enfants, vous verrez que ça ne passera », dit-elle avec un ton ferme.
Et de conclure :
« Il y a des mécanismes qui existent pour attaquer les décisions d’un ministre, c’est notamment la compétence de conseil d’État. Si c’est une décision qui tend à l’inverse de nos lois cette décision est attaquable. Les étudiants qu’eux veulent enrôler ont 18 ans, et une fille ou un garçon de 18 ans c’est un majeur, et vous voulez lui contraindre de faire d’abord l’armée avant de faire ses études académiques, il peut décider de quitter le pays de faire ses études à Brazzaville, ou à l’extérieur, surtout pour ceux qui ont le moyen. Ce que nous vivons ici, nous ne sommes pas dans un même contexte que l’Ukraine où tout le monde est devenu militaire, c’est différent ».
Pour la mémoire :
Le ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire (ESU), Mohindo Nzangi, à travers une note circulaire , avait décidé que les étudiant(e)s des universités et instituts supérieurs de plusieurs provinces de la République Démocratique du Congo puissent aller suivre une pré-formation militaire avant le début de leurs études académiques notamment, dans le Camp Militaire de KIBOMANGO, pour ceux de Kinshasa, à KITONA pour ceux du Kongo-central, au Camp d’entraînement de KAPALATA pour ceux de Kisangani et ceux de Lomami dans la base militaire de KAMINA.
En effet, cette décision est appliquable pour l’année académique 2022-2023. D’ailleurs, il y a quelques semaines, le ministre de l’ESU, en ce jour à Kisangani, a lancé officiellement, cette pré-formation militaire devant plusieurs étudiants de l’Université de Kisangani.
Timothée Yebe / Simcongo.com
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