Permettre aux Ukrainiens de survivre à l’hiver. C’est la priorité de la conférence internationale « Résilience et Reconstruction » organisée ce mardi à Paris. Car l’économie ukrainienne, en mode survie depuis le début de la guerre, est aujourd’hui plus que jamais menacée par les bombes russes.
La nouvelle stratégie militaire russe consiste à détruire massivement toutes les infrastructures vitales. Pour démoraliser la population et bloquer le pays. Les réseaux électriques, les canalisations d’eau, de chauffage, les voies d’approvisionnement, sont les nouvelles cibles de l’armée russe. Chaque fois que l’une de ces installations est endommagée, les Ukrainiens ont à cœur de la réparer le plus rapidement possible. Comme sur le champ de bataille, ils font preuve d’une grande résilience. Encore faut-il disposer des moyens techniques. L’Ukraine manque par exemple cruellement d’équipements électriques, comme des transformateurs ou des générateurs, explique la ministre de l’Économie, présente aujourd’hui à Paris. Et bien sûr, il faut de l’argent, beaucoup d’argent, pour financer ces réparations alors que l’effondrement du PIB ukrainien s’accentue à cause de ces nouvelles attaques russes. Il devrait reculer cette année de 40%.
Cette contraction record de l’économie s’est traduite par un appauvrissement brutal des Ukrainiens
L’extrême pauvreté était rare avant-guerre, elle concernait 2,5% des ménages avant la guerre. Aujourd’hui c’est dix fois. Le quart de la population est concernée, cela pourrait être la moitié dès 2023. L’inflation supérieure à 25% pénalise ménage et entreprises. Et avec un loyer de l’argent à 25% emprunter devient hors de prix. Surtout pour l’État. L’aide internationale lui est indispensable pour colmater le déficit public. Sans parler des dépenses militaires qui absorbent 43% du budget de l’État.
Avant le pilonnage des installations civiles, l’économie ukrainienne s’était montrée plutôt résiliente.
Huit entreprises ukrainiennes sur 10 étaient en activité cet automne, en produisant moitié moins qu’avant la guerre. Certaines se sont relocalisées dans les régions épargnées du centre de l’Ukraine. Trois d’entre elles ont vu leur revenu augmenter de 8% depuis le début du conflit. Et malgré la guerre et les bombes, les trains roulent. Le port d’Odessa continue à fonctionner. L’agilité des entreprises ukrainiennes est bien réelle, mais elle est souvent rattrapée par les évènements. Un exemple avec la production électrique. Avec le raccordement au réseau électrique européen, les Ukrainiens espéraient exporter du courant vers l’ouest dès l’an prochain, ils escomptaient un revenu supérieur à un milliard d’euros, mais il parait plus probable aujourd’hui qu’ils deviennent importateurs nets dans les prochains mois.
Concrètement, comment les entreprises privées et les institutions internationales qui se retrouvent aujourd’hui à Paris peuvent-elles intervenir en faveur de l’Ukraine ?
Dans cet environnement incertain, des entreprises étrangères croient encore au potentiel futur de l’Ukraine. Nestlé, le géant suisse de l’agro-alimentaire, a annoncé hier un investissement de 40 millions d’euros pour construire une usine dans l’ouest du pays, avec 1500 emplois à la clé. On verra cet après-midi si les 500 entreprises françaises attendues ont déjà des projets concrets en perspective. Du côté des institutions, que ce soit au niveau de l’Europe ou de l’État français, l’urgence, c’est le soutien financier. Jusqu’à maintenant, les Européens ont été moins généreux que les Américains, en partie parce que le processus de décision est plus complexe et plus lent à Bruxelles qu’à Washington. Or l’Ukraine a besoin surtout que l’argent arrive au plus vite dans ses caisses. L’Ukraine a déjà reçu 85 milliards d’euros de l’occident. C’est énorme et peu à la fois. Cela représente 15% de l’aide déployée par les 27 pour les boucliers anti-inflation. Kiev estime avoir besoin aujourd’hui de 55 milliards d’euros.
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