RDC/Sécurité : Une année déjà depuis que l’état de siège a été instauré dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri

Il y a exactement un an, l’état de siège instauré dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri par le président Tshisekedi entrait en vigueur. Par sa décision, Kinshasa espérait imposer la paix dans cette contrée en proie aux interminables conflits armés entretenus principalement par les rebelles d’Allied Democratic Forces (ADF), aux côtés de plusieurs autres milices locales.

De ces jours, une année après, le tableau sécuritaire y demeure sombre, tant des civils continuent d’être tués à coups d’armes blanches ou encore des fusils.

Alors que le gouvernement de la République note régulièrement des avancées à l’issue de différentes missions officielles effectuées sur place, dans l’opinion, c’est un vrai déni. Les forces vives, des acteurs sociaux et politiques refusent d’acquiescer la thèse de Kinshasa qui dit tout le contraire de la réalité du terrain selon eux.

Le ras-le-bol

Le 3 mai 2021, les populations du Nord-Kivu et de l’Ituri apprennent avec beaucoup d’enthousiasme la décision du pouvoir central qui entre en vigueur le 06 mai. Elles sont persuadées que la mesure prise leur permettra finalement de « fumer le calumet de la paix » après plus de 2 décennies de guerre.

Malheureusement, très vite, l’espoir de ces citoyens s’évapore sur fond d’une série d’attaques meurtrières : « des tueries s’accroissent, des incursions s’enchaînent, des incendies des véhicules ou encore des maisons foisonnent ».

Désespérés et sans défense, les habitants des régions en proie aux massacres dénoncent les limites de l’état de siège et exigent de Kinshasa une autre voie de sortie.

Dans un monitoring réalisé en mi-mars dernier, Jean-Baptiste Kasekwa, député national élu de Goma (Nord-Kivu), a dressé un bilan comparatif de la période d’avant et de celle de l’état de siège. L’élu du parti ECIDÉ de Martin Fayulu parlera de 1.070 civils tués en 2019, 1.569 autres en 2020 alors qu’au moins 2.321 ont été abattus entre 2021 et mars 2022, période concernée par cette mesure.

Le Baromètre Sécuritaire du Kivu lui, établit un chiffre de 2.500 personnes mortes au cours de cette période alors qu’avant, entre avril 2020 et mai 2021, révèle-t-il, seuls 1.374 civils ont trouvé la mort. Au regard de ce tableau, il ressort que l’état sécuritaire est plutôt allé de mal en pis.

Ces chiffres, associés à d’énormes dégâts matériels ainsi qu’à l’afflux des déplacés vers les zones urbaines, suscitèrent tout à coup une sorte de révolte populaire : des manifestations des groupes de pression et des mouvements citoyens par ici, des cris plaintifs par là ou encore des plaidoyers divers par ailleurs. Des habitants regrettent de constater qu’en dépit de la restriction de leurs droits civiques, l’état de siège ne parvient pas à leur apporter la paix.

« L’état de siège n’a absolument rien fait. Le seul point positif, c’est d’avoir réussi à imposer le salongo [à Butembo] et à mobiliser les recettes. Mais, pour ce qui est de la sécurité, sa mission principale, il n’y a rien à dire. Rien. Il est en dessous de zéro », estime maître Billy Saghasa.

Rédaction de Simcongo

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